(Étude en cours)
La poésie dans son expression moderne et contemporaine semblait avoir renoncé à développer un sujet, dans la clarté d'un enchaînement logique, - à la manière, disons, des Pauvres gens ou de la Mort du loup, - abandonnant ce mode opératoire aux faiseurs de nouvelles, d'essais, d'articles, qui sans nulle doute auraient pu aisément faire leur beurre de ce qui est au cœur du dernier livre de Jean-Pascal Dubost : Terreferme (Éd. L'Idée bleue), livre de poésie cependant, tout l'indique, - y compris la dénégation finale, qui vaut désormais en la matière certificat d'authenticité (quasi A.O.C), bien mieux que la volonté de l'auteur d'écrire en vers, même si cette décision fait symptôme.
...nous règlerons la règle sur la barre
d'outil de notre traitement de texte
justification à gauche et non-justification à
droite, qui déterminera le rythme visuel de
notre prose à l'apparence de vers que nous
appellerons « prose en vers injustifiés »
A l'instar d'un privé, (d'un historien, d'un journaliste) le poète mène l'enquête : posant « les pieds sur un territoire inconnu » ( et un peu déprimant, il faut bien l'admettre), Jean-Pascal Dubost va être appelé à sillonner le Haut-Anjou Segreen, pays qui, selon le guide, « n'a rien à montrer au touriste pressé », ce qui tombe bien, personne n'étant en la circonstance moins pressé que le poète placé, pour plaisamment parler, en résidence, et sommé de ce fait de devoir tirer le meilleur parti des ressources locales. Il se découvre assez vite un sujet digne d'intérêt et de rêverie : la ferme-modèle, dont « l'oreille et l'œil au détour des premières observations et conversations » ont retenu qu'il en subsiste plusieurs dans le pays, et à la recherche de laquelle il se lance, « malgré la totale inscience que nous en avons », précise-t-il, parlant de lui-même à la 1ère personne du pluriel. Au lecteur le plaisir de découvrir l'objet précis de cette quête et ses péripéties.
le paysage ne fait plus rêver, sauf que nous
le rêvons, le rêvons contre quoi le dévaste
le vide, l'écrase l'anéantit, comme
l'urbanisation, le remembrement et la
cupidité humaine, sa disparition nous
travaille …
La campagne, devra-t-il conclure, n'est plus à la campagne. Ni l'agriculture. (Et la poésie, est-elle encore dans le poème ? - question fort peu subsidiaire). Il s'agit dès lors de « récrire ce paysage » inattendu, ; « que l'écriture refasse les yeux à neuf sur / cette matière abstraite », à l'occasion de
ce texte auquel il faut se garder d'attribuer
l'appellation générique de « poésie », mais
plutôt une intention de prose soit en
paragraphes versifiés soit en strophes
prosées hasardeusement et ne méritant
aucun laurier, une paresse travaillée, rien
d'habile mais pataugeur pour produire un
peu de « bouésie ».
Référence : Jean-Pascal Dubost : Terreferme (Éd. L'Idée bleue).
(A suivre et à développer dans un prochain dossier de la revue Décharge)